La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Cirque & Rue

Cirque Éloize… "Saloon"… Sacré cirque ce western !

"Saloon", Cirque Éloize, Théâtre le 13e Art, Paris

La troupe circassienne québécoise, présente depuis vingt-cinq ans sur les scènes du monde entier, s’est arrêtée au théâtre du treizième art pour faire découvrir avec délice toute la quintessence de leur talent qui plonge autant dans des univers cinématographique, théâtral que musical.



© Laurence Labat.
© Laurence Labat.
La scénographie nous plonge dans un saloon avec son bar, ses escaliers, son premier étage, ses cow-boys, son bar et ses jolies filles. Nous nous immisçons dans le monde du Far-West accompagné des chansons countries de Johnny Cash (1932-2003) et Patsy Cline (1932-1963). Cela démarre avec un groupe de danseurs avec, à la main, un long bâton de bois finissant par une petite malle et le tapant au sol.

Le spectacle, au-delà du monde circassien dont il ne se départit à aucun moment, est aussi axé sur le jeu, le théâtre, la musique, les chants. J’entends par jeu, cet esprit enjoué et presque espiègle qui nourrit chaque numéro. Les scènes s’enchaînent comme une histoire qui se déroule avec ses moments forts tout droit sortis d’un western-spaghetti.

Les ballades countries sont souvent accompagnées au banjo avec des voix haut perchées de Camille Leclerc, Paulanthony Roberto et Owenwinship. Une chanson est remarquablement bien interprétée avec un ensemble de protagonistes jouant théâtralement au ralenti arrière. C’est très beau, presque comique, avec un chant qui se poursuit toujours quels que soient les événements qui viennent se greffer dessus.

© Laurence Labat.
© Laurence Labat.
Durant toute la représentation, les chansons, la musique et la danse sont très présentes. Celles-là sont entonnées souvent en chœur donnant au spectacle un aspect très gospel, presque liturgique. Le mime fait aussi son apparition dans la figure d’un cheval qui hennit ou d’une voix off jouée de façon rapide, saccadée, presque caricaturale. Nous sommes à deux doigts de basculer dans un univers de bande dessinée.

Rosita Hendry est à la roue Cyr ou dans un lustre aérien quand Andreas de Ryck et Guillaume Larouche sont à la planche coréenne. Les numéros d’acrobatie, de mât chinois et de jonglage s’enchaînent dont celui de Nathan Biggs-Penton, dont la maîtrise des quilles, auréolée d’espièglerie, est totale.

La mise en scène d’Emmanuel Guillaume excelle dans les différents tableaux qu’il propose autour d’une histoire qui mêle cinéma et cirque. Ce mariage les lie comme pile et face et donne au spectacle, avec le chant et la danse, un cachet d’art total de grand délice.

"Saloon"

© Laurence Labat.
© Laurence Labat.
Cirque Éloize.
Directeur de création : Jeannot Painchaud.
Mise en scène : Emmanuel Guillaume.
Chorégraphe : Annie Saint-Pierre
Avec : Nathan Biggs-Penton (jonglerie, mât chinois), Andreas de Ryck (planche coréenne, jonglerie), Rosita Hendry (roue Cyr, corde lisse, lustre aérien, accordéon, piano), Guillaume Larouche (planche coréenne), Camille Leclerc (voix, multi-instrumentiste), Giovanni Maldonado (planche coréenne, jonglerie), Joana Martinho (équilibres, contorsion), Trevor Pool (voix, multi-instrumentiste), Meghane Poulet (main à main, banquine, lustre aérien), Johan Prytz (sangles aériennes, clown), Paul Anthony Roberto (voix, multi-instrumentiste), Owen Winship (main à main, musicien, voix).
Compositeur et arrangeur : Éloi Painchaud.
Concepteur acrobaties et entraineur : Nicolas Boivin-Gravel.
Éclairages : Francis Hamel.

© Jim Mneymneh.
© Jim Mneymneh.
Son et environnement sonore : Colin Gagné.
Décors et accessoires : Francis Farley.
Costumes : Sarah Balleux.
Maquillages : Virginie Bachand.
Durée : 1 h 25.

Du mercredi 28 novembre 2018 au dimanche 6 janvier 2019.
Mardi au vendredi à 21 h, samedi à 16 h et 21 h, dimanche à 16 h.
Mercredi 26 décembre, 16h et 21 h ; lundi 31 décembre à 16 h ; samedi 5 janvier, 16 et 21 h ; dimanche 6 janvier, 16 h et 19 h.
Théâtre le 13e Art, Grande salle, Paris 13e, 01 53 31 13 13.
>> le13emeart.com

© Laurence Labat.
© Laurence Labat.

Safidin Alouache
Vendredi 21 Décembre 2018

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025












À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024